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Photo du rédacteurAnaïs Vanel

De terre, d'eau, de feu, d'air et d'éther

Dernière mise à jour : 22 oct. 2023

C’est une saison propice à l’ancrage, à l’enracinement de nouvelles idées, une saison pendant laquelle l’énergie descend pour se régénérer. Le passage à l’automne est le changement de saison le plus délicat et c’est enivrant d’être là, de partir à la rencontre de la forêt.



Quand je m’aventure sur les sentiers, j’avance parfois comme en transe, guidée, hypnotisée par les feuillus, bosquets, leurs couleurs, leurs odeurs, jusqu’à m’éloigner des chemins, pour grimper ça et là et me retrouver sur les sommets.



Les pistes sont si belles, qu’on ne remarque même pas qu’elles sont dangereusement étroites, que les pas dérapent sur la roche glissante et se rapprochent du ravin. Elle tournent et tournent et grimpent, et on avance avec elle, on monte et on descend dans ce tableau vivant, on entre dans la beauté.


Là, tout autour, au loin, on peut apercevoir les domaines agricoles qui se succèdent, certains abandonnés. Et parfois, surgissant derrière une colline, un village posé là, et à perte de vue d’autres collines encore, et alors on ne sait pas jusqu’où s’étend le monde.


Dans ma quête de vérité sur la route, et particulièrement au sommet d’un endroit nommé La loma del Sol, La Colline du Soleil, en Andalousie, j’ai découvert ces textes sacrés inscrits au patrimoine mondial de l’humanité, révélés aux sages indiens, aux sages primordiaux et mystiques, les Rishis ; des textes transmis oralement, puis écrits en sanskrit archaïque : les Vedas.


C’est comme ça qu’a commencé mon voyage dans l’ayurveda, cette médecine millénaire qui en sanskrit signifie la science du vivant. Selon l’ayurveda, tout dans l’univers, nous y compris, est en fait constitué de cinq éléments : l’ether, l’air, le feu, l’eau et la terre. L’élément «Ether», appelé en Sanskrit « Akasha » est le premier des cinq éléments. Il est régulièrement évoqué comme « espace » car il est l’essence du vide et du néant.


Ces cinq éléments peuvent être classifiés en trois bio-énergies ou « doshas » : Vata, constitué d’air et d’espace, Pitta, de feu et d’eau, et Kapha, d’eau et de terre. L’ayurveda considère que chaque individu a un équilibre distinct de ces doshas et que notre santé dépend du maintien de leur équilibre.


Et puisque tout dans l’univers est concerné, je m’amuse à deviner de quelles bio-énergies sont faits les plantes, les animaux, les lieux. Un oiseau : Vata. Des légumes racines : Kapha. Le soleil : Pitta. Les landes, terre de légèreté par excellence, où rien ne pousse, où la forêt est artificielle, où rien ne s’accroche, où tout est aérien, flottant, mouvant, le sable comme les gens : Vata.


Ici, ici au pays basque précisément, où l'énergie Kapha est prédominante, je ressens néanmoins un certain équilibre entre ces cinq éléments, et je m’y sens moi-même équilibrée. Alignée avec cette envie d’ancrage et de densité. C’est le seul endroit où je perçois cela avec une précision fine, délicate.


Les gens ont tendance à confondre landes et pays basque. Beaucoup ont écrit que mon premier roman Tout quitter se passait en terre basque. Il faut n’y avoir jamais mis les pieds. Car elles sont à mes yeux, en tout point opposées.


Avant de s’installer quelque part, peut-être faut-il être nomade et connaître le dépouillement, questionner ainsi ses envies, ce qui est indispensable à la vie, ce dont on veut se nourrir, écouter ses cycles, ses saisons intérieures, et savoir les harmoniser avec un lieu.


C’est rare, d’aimer un lieu. De l’aimer vraiment, de le ressentir, de comprendre la moindre de ses vibrations, de s’y sentir bien. De ne plus être sur le qui-vive, avec cette émotion qui subsiste qu’une autre vie est toujours possible ailleurs. La rencontre entre un lieu et une personne ne se produit qu’éventuellement. Finalement, le choix d’un lieu de vie est comme une relation amoureuse, c’est un appel des deux côtés, et cet endroit m’a choisie aussi.

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